En 1994, c'est le règne sans partage du sampling dans la synthèse. Korg vend des 01W, Yamaha vend ses SY/EX, et Roland pointe le bout du nez avec le JD990, bientôt suivi du JV1080. Kurzweil et Emu proposent leurs samplers à prix d'or, et Akai les démocratise avec la série S. Les Virtual Analog n'occupent pas encore le devant de l'affiche, et les analos sont encore considérés comme has been.
Bref, on est à la croisée des chemins, quand Yamaha vient sur le marché avec ce qu'il est convenu d'appeler une révolution: la modélisation physique et le VL1.
Pour la première fois de l'histoire de la musique, le son n'est plus simplement reproduit à partir d'un enregistrement, mais calculé en temps réel par un processeur DSP. Mieux: cet instrument met en équation le comportement physique d'instruments à anche, flutes, cordes pincées...La réponse aux contrôleurs temps réel n'est plus simplement linéaire, ne fait pas qu'augmenter le volume ou l'ouverture d'un filtre, mais joue sur le timbre de base même du programme, qui est un modèle mathématique.
A ce moment-là, le VL1 coûte une fortune (environ 8000 de nos euros actuels), et c'est un prototype superbe et élitiste. Il fait figure de concept synth qui ne sera pas vendu en grandes quantités, mais qui est censé ouvrir la voie vers les futurs best sellers de la marque.
Malheureusement, Yamaha n'a pas vraiment transformé l'essai. Si la technologie a bien été incluse dans les synthés suivants (souvent sous forme de carte optionnelle PLG-150 VL dans les CS6R, Motif...Mais en premier lieu dans les synthétiseurs de la série EX), la grande majorité des utilisateurs est un peu passé à côté, pour plusieurs raisons:
- Les modèles sont monophoniques, ce qui n'est pas un problème pour les modèles de type saxo/flute, mais est quand même restrictif.
- Toutes les modélisations ne sont pas de niveau égale, et beaucoup de types d'instruments ne sont pas modélisés (comme le piano)
- Le prix du VL1, qui en a limité l'impact au départ, au contraire du DX7 qui a proposé une révolution à un prix relativement démocratique.
- Ces modèles mathématiques ne livrent leur pleine puissance que conjointement à l'utilisation de contrôleurs temps réels nombreuses et ardue (aftertouch, molettes, vélocité, contrôleurs par le souffle...)
- Programmation assez ardue, novatrice et un peu imprévisible.
Pour le reste, il faut reconnaître que, aujourd'hui encore, la réponse de cet instrument au jeu en temps réel est exceptionnellement vivante!
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